Vers des banques plus vertes ?

La BCE consulte pour la mise en place d’un « guide relatif aux risques liés au climat et à l’environnement » applicable au monde de la finance.

Après l’accord de Paris sur le climat en 2015, les gouvernements avancent sur la voie de la transition vers une économie plus circulaire. La recherche de réduction de l’empreinte carbone est un objectif avancé. Le Pacte pour l’Europe veut faire de notre continent le 1er continent neutre en carbone d’ici 2050 ! Dans cette perspective, le secteur financier et les banques vont avoir un rôle de premier plan. Dans ce contexte, la BCE (Banque Centrale Européenne) met en place un plan d’action pour le financement d’une croissance durable.

Le guide que souhaite mettre en place la BCE n’est pas contraignant juridiquement, mais une base de dialogue prudentiel.

Pour une finance durable ?

Il est attendu des établissements de crédits qu’ils comprennent les répercussions sur le climat de leur cadre opérationnel. Notamment concernant leur politique de gestion des risques. Il est demandé qu’elles soient capables de mesurer leur exposition au risque climatique dans leurs engagements actuels. De plus, elles devront annoncer leur stratégie dans l’évolution de leur prise en compte de ces risques dans leurs décisions. L’objectif est double. D’une part de « prédire » l’exposition à des risques de pertes financières; et/ou de fonds propres, d’autre part; de soutenir le développement de cette économie davantage circulaire et durable.

Les risques à prendre en compte sont multiples :

  • Les risques physiques : les effets financiers du changement climatique. La multiplication des phénomènes climatiques extrêmes tels que les tempêtes hors normes ou les sécheresses; ainsi que les conséquences des effets de la pollution de l’air, de la déforestation, de la pollution de l’eau, … Les impacts économiques peuvent alors être directs : pertes et dommages des biens immobiliers; baisse des rendements et de la productivité. L’exposition à ce type de risques climatiques directs devra être davantage pris en considération dans l’octroi des prêts…
  • Le risque de transition : l’adaptation aux nouvelles attentes des marchés sur le plan de l’écologie et de l’économie circulaire peut créer des surcoûts pour les entreprises. Le risque est alors la perte des marges et de la capacité d’autofinancement. Cela pourrait fragiliser le secteur économique et par ricochet les banques prêteuses.

Ce qu’estime la BCE, c’est que ces risques physiques et de transition seront de plus en plus important. De plus, les risques liés à la pénurie de ressources le seront tout autant. C’est pourquoi, les banques devront les intégrer davantage dans un futur proche et tendre vers un modèle de banques écologiques. Les effets climatiques vont avoir des impacts nationaux. Par exemple, les modifications géographiques profondes que risquent d’entraîner la hausse des niveaux des océans vont impacter des territoires complets; et leur économie entière : prix de l’immobilier, emplois, croissance économique…

Quels impacts imaginer dans l’octroi des crédits aux particuliers ?

On peut imaginer, à terme, des politiques d’octroi de crédits qui intégreraient les données climatiques dans leur coût économique et dans l’accord ou le refus de prêt :

  • Dans l’immobilier, en fonction de l’empreinte énergétique du logement (et donc son impact carbone), nous savons que sa valeur va s’apprécier différemment. Les banques pourraient, afin de protéger les acquéreurs contre une perte éventuelle, leur demander de mettre davantage d’apport dans leur projet afin d’éviter l’effet de ciseau en cas de revente à perte.
  • Toujours dans l’immobilier, le développement des Eco-PTZ pour les travaux et le maintien à long terme du prêt à taux zéro pour les pimo-accédants serait une bonne chose, mais il serait encore plus intéressant de penser un modèle de prêt à taux zéro pour toutes les acquisitions de résidence principale nécessitant une mise aux normes énergétiques (et pas uniquement pour les primo-accédants).
  • Enfin, s’agissant des prêts à la consommation, avoir des taux bonifiés pour le financement des biens issus de l’économie circulaire, ou à empreinte carbone réduite pourrait être une piste.

Obtenir un crédit pourra devenir plus difficile à mesure que les effets climatiques seront injectés dans les modèles décisionnels et tendre vers des banques écologiques :

  • La raréfaction des matières fossiles va impacter les budgets transports et chauffage.
  • La pénurie des ressources en matières rares va impacter le coût des biens de consommation dans les nouvelles technologies (smartphones, objets connectés, etc.).
  • Les tempêtes et inondations vont faire augmenter le coût des assurances.

Tous ces éléments ne sont pas encore intégrés dans les conditions d’octroi de prêt. Mais cela pourrait arriver en tant que « facteur de risque » (Dans ces cas-là, nous serons là pour trouver avec vous des solutions alternatives de financement !)

Vers des banques écologiques ?

Indéniablement, les banques écologiques vont fleurir demain. Les contraintes climatiques vont impacter les pertes et les profits des établissements financiers, leur image de marque, et leur développement commercial. De ce fait, ce qui n’était au début que du « green-washing » va nécessairement devenir un acte stratégique à part entière; avec des impacts forts sur le développement économique et les modes de consommation des ménages… D’ailleurs, un exercice pilote est mis en place par l’ACPR à partir de juin 2020 afin de tester les impacts climatiques sur les bilans des établissements bancaires français. Ainsi, cet exercice est basé sur la base du volontariat, et aura lieu courant du 2nd semestre 2020. Les résultats seront disponibles dans 1 année

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